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Il y a ce point de bascule, que quelques « happy fews » connaissent, où l’on a tout réussi, où l’on possède tout, où l’on est à la fois plein et vide.

Celui ou le jeu remplace les enjeux, pour faire face à l’ennui.

C’est alors le retour de l’ego.

La spirale s’enclenche à nouveau : l’ivresse du risque reprend le dessus et le chaos revient bousculer notre adrénaline, pour notre plus grand plaisir.

Pour se sentir enfin revivre.

Pulsions, fierté, désirs, compétition, sont revenus s’en mêler et s’emmêler.

Se sentir vivre : vibrer des dangers, des plaisirs vifs, de l’ivresse de l’effroi, de celle des angoisses, des peurs et de l’intensité de l’action, du moment présent, de perspectives exaltantes… finalement de la présence inexorable de notre vide…

Comment échapper à soi, à cette vacuité qui nous étreint parfois lorsque le jeu et les enjeux ne sont plus à même de nous procurer d’autres sensations de nous-mêmes ?

Quel est donc ce profond désir, au fond, qui nous manque et nous vide ?

Glissons-nous indéfiniment d’un manque à l’autre, en tentant vainement d’occuper ce néant ?

Une plénitude est’elle alors possible, ou même souhaitable ?

Frederic DUPLESSY, septembre 2019

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Le paradoxal al-truisme chez mon autrui, l’injonction à mon autre oui.

« Mon désir est de vous aider, que puis-je faire pour vous ?

Si j’étais vous…

Je pense (panse) que c’est pour votre bien.

Moi à votre place… »

… qu’est-ce qui nous pousse donc à vouloir donner notre avis, un conseil ; à intervenir alors qu’on n’a pas été forcément sollicité, interrogé ?

… Effectivement, que désirons-nous donc lorsque nous pensons ou voulons aider ? Qui aidons-nous vraiment ? Que désirons-nous réellement ?

Sommes-nous donc si démunis pour désirer ainsi le bien d’autrui ?

Souffrons-nous tant pour mobiliser à tout prix notre esprit et notre énergie pour autrui, faute du vide qui occupe notre vie, ce néant final et inexorable ?

Notre souffrance n’est-elle pas suffisante pour vouloir (s’occuper) de celle des autres ?

Notre vie est-elle si vide que nous désirons la remplir de celle d’autrui ?

Que donnons-nous en fait, qu’espérons-nous inconsciemment en recevoir ?

Sommes-nous donc si désintéressés (en définitive, désintéressés de cet autre à soi), que nous en sommes finalement centrés sur notre désir, notre propre bien ?

Est-ce encore ici l’occasion de nous perdre, d’oublier, par cet élan (d’abnégation?) qui nous offre ainsi la permission de nous fuir à nous-même ?

Est-ce ce bien, qui appartient déjà à autrui – puisqu’il lui est identifié pour lui être destiné-, que nous recherchons, afin de trouver l’énergie, la raison, le prétexte, de nous oublier en le secourant ?

Est-ce une fuite à soi ? L’autre nous emplit-il de son prétendu besoin ? Ou bien, nous emplissons-nous, nous-même en fait, de son prétendu besoin ?

Et ce besoin en devient ‘il ainsi retenu, analisé, capté, volé ?

A-t-il donc réellement si peu d’intérêt ( ou de rendement ) pour que nous en soyons soi-disant dés-intéressé(e) ?

Est-ce aussi par là une forme de dévalorisation, démonétisation, mépris ?

La perception, le sentiment de vacuité de notre existence nous poussent-t ’ils à rechercher « d’être à sa place », à nous projeter, pour mieux le conseiller sur ce qui nous ferait finalement du bien, à nous : en construisant le bien d’autrui pour nous, à notre image, à l’aune de nos désirs profonds, refoulés, inexprimés, qui ici peuvent se matérialiser par un transfert libératoire ?

Demandons-nous à l’autre d’agir ainsi pour nous, ou de servir de levier d’action, par là où nous sommes nous-mêmes paralysés ?

Désirons-nous ainsi son bien le plus précieux, celui que nous ne savons pas avoir pour nous même, mais que nous lui demandons d’avoir pour lui, afin de créer notre propre plénitude, notre propre accomplissement par ce transfert ?

Et que jugeons-nous aussi chez nous parfois dans ce miroir ? :

« Allez ! Secouez-vous ! Bougez-vous ! Voici de quoi subvenir à vos besoins, à votre manque, mais remplissez le mien, remplissez ce contrat moral, cet acte, que je vous demande d’effectuer en contrepartie du carburant, du moyen que je vous donne pour le réaliser. Me réaliser ».

« Ce que je vous donne, je veux, j’exige au plus profond de moi, que vous l’employiez à bon escient, comme moi-même je le ferais… sinon, ce serait donner de la confiture au cochon… ( Ou à l’au-truie, que je suis…) »

« Charité bien ordonnée commence par soi-même » : mais suis-je en capacité de m’aider, de vouloir mon bien ? (N’est-ce pas là le désir à l’autre ? La pulsion de débord ?)

En ai-je un, moi, de bien ?

Ai-je conscience de mon bien ? Existe-t-il pour moi ? En ai-je le désir ? Ai-je besoin de le valoriser ?

« Je vous veux du bien ».

La signification de ce désir prend un tout autre sens lorsqu’il est énoncé ainsi. Le rapport à l’autre et à soi n’est pas ici le même.

Ce qui est signifié, et signifiant, est alors tout autre, consciemment comme inconsciemment, pour celui qui l’énonce, et pour celui qui l’entend. Ainsi que pour celui à qui il est adressé.

La vérité de l’intention appartient à chacun : se permettre d’y distinguer charité avec solidarité, possession avec don, ostentation avec abnégation serai ici déplacé…

Toutefois, ces projections inconscientes, issue de la culture, de l’éducation et de l’expérience de chacun, créent des situations et des interactions très différentes selon leur formulation, tant chez celui qui l’énonce, que chez celui à qui elle est adressée. C’est aussi le cas lorsqu’il y a transmission ou information de ce désir ou de cette action à des tiers.

On peut imaginer ce qu’il en est dans le cadre associatif, mais aussi dans le cadre amical, familial ou encore professionnel. Selon le contexte, évènementiel, temporel ou social, la posture, la formulation, choisie ou non, consciente ou non, prend également une signification différente.

Dans le contexte professionnel, par ce jeu de sens, ou par les modes de fonctionnement en groupe, peut ici s’installer la souffrance au travail.

On peut retrouver cela dans le mot d’esprit, le lapsus, qui sont les parties visibles et conscientisée de ce surgissement qui généralement nous échappe. Mais le sens de ce que nous formulons ou énonçons réellement la plupart du temps est inconscient, il nous échappe vraiment pour le coup, nous ne l’entendons pas.

Il est pourtant utile dans sa symbolique, car l’inconscient tente ici de s’exprimer pour révéler notre part de vérité cachée, nos pulsions, nos débords, l’origine de nos symptômes, de nos désirs profonds.

Ils se répètent ainsi à l’infini et s’expriment inexorablement sous forme d’actes, de symptômes, de névroses que nous ne comprenons pas et qui surviennent à notre corps défendant, souvent contre notre volonté, parfois contre nous-même, sans pouvoir y faire quoi que ce soit : pourquoi suis-je comme cela, pourquoi cela m’arrive t’il, comment se fait-il que ce problème revient régulièrement malgré le fait que je m’organise, ou non, pour qu’il ne se reproduise pas ?… Car c’est un peu comme ces valises qu’on emmène avec soi et qui se rappellent à nous bien des mois après avoir fui une situation, opérant un déplacement physique là où il faudrait initier un déplacement d’un tout autre ordre.

Ils se répètent ainsi à l’infini, attendant que nous soyons en mesure de travailler à les entendre, pour ne pas avoir à les répéter.

Alors comment les révéler, les saisir, les conscientiser ?

Il existe une technique qui repose sur la libre association d’idée, l’interprétation des rêves, la vérité et donc la parole de l’analysant qu’écoute l’analyste. Ce dernier peut ainsi entendre ce qui s’y dit réellement et le proposer à l’écoute de l’analysant.

C’est simple à mettre en œuvre et accessible à tous pour peu qu’on accepte de s’y engager et de s’y investir réellement.

Frédéric Duplessy, Condat sur Vienne, septembre 2017

 


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