Le mal-être du salarié, le malaise des équipes, le désarroi rampant
Ces petits riens de nos quotidiens qui s’installent dans la pratique professionnelle.
Quelle que soit la qualité du management, le réel intérêt, la valeur du travail, de la mission ou du poste qu’il occupe, le salarié est confronté aux aléas du quotidien de l’institution ou de l’entreprise pour laquelle il travaille. Organisme où il passe souvent plus de 7 heures par jour s’il n’est pas itinérant ou en mission extérieure. De plus, il vient chaque jour en emmenant avec lui son propre quotidien personnel, son couple, ses enfants, sa solitude, ses tracas domestiques, familiaux, économiques, associatifs, ou de santé, ainsi que ses éventuels engagements dans la Cité, ses projets parallèles, qui lui sont strictement personnels mais qui vont créer un filtre. Ce filtre s’exercera dans le contexte de son travail, dans celui de ses interactions avec ses collègues, ou de sa perception de la relation client. Il va influer sur ses actes, ses réactions, sa compréhension du moment, sa capacité à appréhender une situation donnée. A cela s’ajoute l’interactivité des humeurs et prédispositions de ses interlocuteurs, qui arrivent eux-mêmes avec leur propre quotidien, leur propre dynamique, suite à des heureux moments, des nouvelles sympathiques ou des désagréments survenus juste avant. Si ce ne sont pas les motifs même de l’entretien, de la réunion ou de la rencontre pour lesquels ces humeurs viennent s’inviter : organisation, litiges, réclamations, etc.
Le management peut-être excellent, la structure valorisante, l’organisation au top, le salarié reconnu pour ses compétences, et les collègues super sympas, disponibles et arrangeants, il arrivera toujours un moment où l’accumulation de petits riens, les frustrations, les litiges clients, les interactions, les objectifs, les horaires, les pauses, le salaire, le bureau, le temps, les fournisseurs, un supérieur, bref divers petits grains de sable viendront assombrir inconsciemment le quotidien, l’horizon, le ciel, le plafond, la moquette et le distributeur de café. C’est parfois même la gaieté malvenue d’un collègue qui vient agresser, sans que celui-ci le veuille ou même le sache, lorsqu’on sombre au plus profond de soi-même dans un détail insignifiant, dans sa propre vérité, souvent inconsciente.
Alors petit à petit ce sont les clients, les usagers, les patients, les clients, les managers qui deviennent un exutoire de pensées morbides personnelles, pas forcément conscientes, ni réellement voulues, dans cette pulsion de bord et de débord qui s’installe insidieusement et crée l’insatisfaction, ce petit vide indescriptible et pourtant présent qui casse cette merveilleuse dynamique née initialement d’un nouveau travail tant espéré, d’une mission valorisante, d’un poste pour lequel on a travaillé d’arrachepied, d’un objectif qui s’oublie dans des limbes quotidiennes curieusement réduites à une peau de chagrin. Est-ce la nouvelle tenue d’une collègue, une remarque que personne n’a entendu, ni même pensé prononcer, mais qui résonne comme une blessure intime ? Est-ce l’usure de gestes mille fois répétés, de tâches qui finissent par devenir lourdes, laborieuses, inintéressantes ?
Si les missions deviennent floues, que les objectifs changent alors qu’on s’est donné à fond dans une direction, si le management est fluctuant, démobilisé, incompétent, qu’il n’est pas clair ou carrément perturbant, que le travail réalisé n’est pas reconnu à sa juste valeur, alors le processus de malaise s’enclenche plus intensément. Il devient alors difficile à endiguer, se basant sur un sentiment d’injustice souvent croissant, alimenté et renforcé par les collègues, déstabilisés eux aussi, vivant cette même situation. Il est alors encore plus difficile de prendre du recul, de l’objectivité. Souvent le sentiment d’impuissance domine.
D’où vient donc ce murmure qui s’amplifie et finit par déborder dans des bruits de couloir, des attitudes, des renoncements, des inquiétudes ?
Bien sûr, chaque trajectoire est personnelle, chaque ressenti intime, différent de ce qui est décrit ici.
Mais souvent le fond se met en place ainsi. Sans s’annoncer, car il est déjà potentiellement présent, sans que nous le sachions… nous croyons qu’il est essentiellement produit par les circonstances extérieures, mais il découle simplement de la somme de ce que nous sommes : notre naissance, notre éducation, notre culture, notre expérience, notre vécu, nos rencontres, nos choix et nos non-choix par exemple… cette vérité est intime et personnelle, elle nous appartient, elle est vraie : même si elle ne l’est pas pour le collègue, le supérieur, le client qui vit sa vérité dans le même lieu, la même action, le même dialogue.
C’est la vérité de chacun, issue de ses propres ressentis, de ses propres vécus, de sa propre culture.
Que peut devenir ce mal-être qui s’installe aussi bien à titre personnel qu’en groupe ? D’où s’origine t’il, qu’est-il possible d’en faire ?
Difficile de partager cela au quotidien avec ses collègues, et encore moins avec son supérieur ou son patron : on se doit d’être exemplaire, performant, dynamique, au top ! Que dire de ce malaise dans un contexte où la performance est la règle, voire la dictature du monde du travail ?
Et puis quelle image ai-je de moi-même ? Quelle image dois-je donner pour conserver mon poste ?
La souffrance au travail peut alors survenir : dans les faits peu de choses indiquent qu’il y a prémisse de cette souffrance, or elle est de plus en plus criante, ne serait-ce que de part ce qui vient d’être évoqué.
Il existe également par là le risque de perdre son travail, ou du moins le sentiment d’insécurité et l’impression de précarité, qui créent aussi une souffrance psychique parfois aigüe.
Les signes de souffrance psychique sont trop souvent banalisés, négligés, pensés comme insignifiants, sans réelle cause ou implication sérieuse : Ce sont pourtant ces signes qui influent directement sur le bien-être personnel et le bien-être au travail ; donc l’efficacité au travail, l’épanouissement personnel et professionnel, les relations avec les collègues, les client ou usagers, les membres de la famille, les proches, etc.
Ces signes ont une influence considérable.
Alors qu’est-il possible de faire ?
Il existe un lieu, un moment possible, à titre individuel dans le cadre de consultations privées, ou même en groupe d’analyse des pratiques professionnelles, qui permet à chacun de travailler cela : d’abord par l’écoute, mais surtout par la possibilité de s’accorder le droit de dire sa propre vérité, en toute confidentialité, en toute confiance, et d’y œuvrer, par libre association d’idées.
Il s’agit ici d’un travail psychanalytique. Les modalités et la pratique sont simples, accessibles à tous.
Il peut donc être organisé au sein de l’entreprise, de l’institution qui le désire, dont les équipes le désirent et en font la demande. Ou bien en dehors de ce lieu de travail si les équipes le souhaitent.
Il permet à chaque individu de parler professionnellement, d’amener sa pratique quotidienne, de s’exprimer individuellement, et de progresser.
Il s’initie dans le cadre d’une convention définie précisément entre l’analyste et la Direction de l’établissement. Elle protège les salariés de toute intrusion non désirée dans ce travail, de ce qu’il s’en dit ou fait, de ce qu’il en découle. Sauf à ce que la Direction peut en voir et en mesurer au dehors de ce cercle dans les effets quotidiens. Elle protège également chaque membre du groupe de la confidentialité stricte et de la confiance de ce lieu.
Et enfin, il peut se tenir à titre personnel et privé, en consultations individuelles, dont la durée et les modalités sont librement définies au préalable, pour les personnes qui désirent travailler plus spécifiquement seules avec l’analyste.